Jean-François Lemay, du Centre national en électrochimie et en technologies environnementales, affilié au Cégep de Shawinigan, est récipiendaire du Prix Acfas Denise-Barbeau.
Le prix Acfas Denise-Barbeau, pour la recherche au collégial, est remis à Jean-François Lemay, chercheur au Centre national en électrochimie et en technologies environnementales, affilié au Cégep de Shawinigan.
D’aucuns diront que tout a commencé pour le lauréat sur les bancs du Cégep de Shawinigan, et que tout a concouru ensuite pour qu’il y revienne. De fait, l’intérêt du lauréat pour la biologie moléculaire est né lors de ses études collégiales, et dix ans plus tard on le retrouve au même collège cette fois au Centre national en électrochimie et en technologies environnementales comme chercheur en biologie moléculaire. Chercheur accompli, il aura fait avancer de façon considérable les approches permettant de valoriser le travail des protéines. Les retombées de ses travaux se mesurent aujourd’hui dans divers domaines tels que l’environnement, la santé et l’alimentation.
Tout se passe étonnamment vite : après ses études collégiales, Jean-François Lemay s‘inscrit au baccalauréat en biotechnologie à l’Université de Sherbrooke, qu’il termine avec brio en 2003. Sa passion pour les sciences et la recherche le pousse ensuite sans hésitation à entreprendre des études supérieures en biologie moléculaire et cellulaire, toujours à l’Université de Sherbrooke, sous la direction du professeur Daniel Lafontaine. Ce dernier remarque immédiatement les aptitudes exceptionnelles pour la recherche de ce biologiste et lui propose de faire un passage direct au doctorat. Le jeune homme fait tant et si bien que son parcours de chercheur, encore embryonnaire, lui vaut un premier laurier : les Instituts de recherche en santé du Canada (IRSC) le reconnaissent déjà comme faisant partie des 2 % des étudiants au doctorat les plus prometteurs en sciences de la santé au Canada.
Sa précocité a une autre conséquence : Jean-François Lemay veut rapidement appliquer ses connaissances à des situations concrètes. Le voilà donc –pendant la rédaction de sa thèse – qui se joint comme chercheur en biologie moléculaire à l’équipe du CNETE, le Centre national en électrochimie et en technologies environnementales, centre collégial de transfert de technologie (CCTT) au Cégep de Shawinigan. Son mandat sera d’utiliser son expertise pour réaliser des projets de recherches appliquées avec des partenaires industriels.
Depuis 2010, M. Lemay a réalisé plus de 50 projets comme chercheur principal et a collaboré avec de compagnies d’un peu partout à travers le monde. Ses travaux ont contribué à la formation de main-d’œuvre spécialisée tout en augmentant la compétitivité des entreprises partenaires. La majorité de ces projets ont trait à l’isolement, l’identification, la modification génétique et le suivi de microorganismes. Ils ont jusqu’à maintenant permis de mieux comprendre certains mécanismes liés à l’ingénierie génétique, que ce soit l’incorporation d’un gène, ou celle de voies métaboliques. M. Lemay utilise comme mini-usines biotechnologiques divers microorganismes, à savoir des bactéries (ex. E. coli et B. subtilis), des levures (ex. P. pastoris) et des microalgues (C. reinhardtii). ). Ainsi, les travaux de recherche de M. Lemay ont permis de faire avancer de façon considérable les connaissances en biologie moléculaire et d’élaborer des méthodologies visant à faciliter l’expression, la sécrétion et la solubilisation d’une vaste gamme de protéines recombinantes humaines ou microbiennes.
Conscient que son expertise et les outils de recherche dont il dispose peuvent être d’une grande utilité non seulement pour les entreprises, mais aussi pour de nombreux chercheurs universitaires, M. Lemay s’applique à établir des liens étroits avec des chercheurs provenant de divers collèges et universités. Par ces nombreuses collaborations avec les chercheurs universitaire, Jean-François Lemay devient professeur associé à l’UQTR (2015) et l’université Laval (2021), ainsi que membre du Regroupement québécois de recherche sur la fonction, l’ingénierie et les applications des protéines, PROTEO, que dirige le professeur Normand Voyer (prix Acfas Urgel-Archambault 2019).
Soucieux de la nécessité de former une relève scientifique de qualité afin de soutenir l’industrie biotechnologique du Québec, M. Lemay s’implique activement dans la formation de personnel hautement qualifié tant au niveau collégial et universitaire. De plus, il s’implique dans divers comités (ex. comité sur la recherche du Cégep de Shawinigan, bureau de direction de PROTEO) afin d’augmenter le rayonnement de la recherche au niveau collégial.
Par ailleurs, dès le début de la pandémie et fort de son expertise en biologie moléculaire et cellulaire, Jean-François Lemay a compris qu’il pourrait contribuer à la lutte contre la COVID-19 au Québec, en participant au développement d’appareils de diagnostic et de vaccins. Dans un temps record, son équipe de recherche et lui sont parvenus à produire des protéines spécialisées nécessaires en vue notamment de l’élaboration de plateformes vaccinales, de tests de détection et de pistes de traitements. Il a ainsi soutenu les travaux de recherche de scientifiques de six universités, en plus de fournir des protéines à trois partenaires industriels afin de leur permettre de mettre à l’épreuve des méthodes d’analyse sanguines et d’élaborer une souche recombinante pour la création d’un vaccin.
L’établissement de toutes ces collaborations avec des chercheurs universitaires ont valu à Jean-François Lemay d’être invité en 2019 par le Conseil supérieur de l’éducation pour présenter les avantages et les retombées concrètes des projets de recherche collaborative collège-université. Après un tel parcours, qui peut encore douter de la qualité d’ambassadeur hors pair du lauréat pour la recherche de niveau collégial…